mardi 19 janvier 2016

QUELLES ACTIONS PUBLIQUES CONTRE LES ADDICTIONS ?



QUELLES ACTIONS PUBLIQUES CONTRE LES 
ADDICTIONS ?
I / Le Tabac 
Il est habituel d'entendre dire que: « si l'on fumait et buvait moins il y aurait moins de malades ». Mais l’État, qui nous invite gentiment à ne plus fumer et à ne pas trop boire, reste, dans ses pratiques, encore bien ambigu.
Le TABAC a longtemps bénéficié d'une grande bienveillance de la part des autorités publiques. Les mesures, très tardives si l'on prend en compte l'ancienneté des études prouvant la nocivité du tabac, n'ont été prises que très lentement et difficilement (1). La totale suppression de toute forme de publicité et d'encouragement à fumer, ce qui est bien un minimum, sera achevée quand la suppression des marques sur les paquets deviendra effective, elle est prévue en 2016. Des additifs, souvent des aromatisants, ont été ajoutés au tabac, créant par combustion de nouveaux cancérigènes s'ajoutant à ceux qui proviennent du tabac lui-même. On sait depuis de nombreuses années que la dépendance vis-à-vis du tabac a été ainsi délibérément augmentée par les industriels ; et ce n'est qu'en 2015 qu'une Ministre de la santé «propose» d'interdire ces additifs!
La pression des industriels n'a pas fini de contrer l’action d'un groupe de médecins. Ces médecins, pneumologues et  hygiénistes bien intentionnés, restent malheureusement étrangers aux questions psychologiques et sociales posées par le tabagisme. Pourtant cette addiction, comme toutes les autres, ne tombe pas du ciel.
Les nombreuses mesures anti-tabac ont visé à rendre plus difficile la consommation de cigarettes; celle-ci aurait légèrement baissé (2). Il est difficile de mesurer l'effet de ces mesures en termes de santé globale.
Aux avertissements imprimés sur les paquets ont été ajoutées des images chocs. Est-il efficace de jouer sur la peur quand le risque est connu? Une récente étude met clairement en cause l'efficacité des horribles images maintenant rendues obligatoires (3). Est-il raisonnable d'agresser ainsi des personnes en situation de risque?  Certains militants anti-tabac préconisent même de prendre des mesures à l'encontre des buralistes. On avance ainsi vers  des mesures répressives de plus en plus sévères vis-à-vis des consommateurs et de petits commerçants nullement responsables. Ne se trompe-t-on pas de cibles ? Ni les buralistes ni les fumeurs ne sont la cause du tabagisme, ils n'en sont que des acteurs.
      Du moins la lutte contre le tabac mériterait-elle d'être menée de façon plus subtile, en évitant menaces et moralisation. En ce qui concerne les jeunes, le Professeur Joyeux suggère: « Si l'on dit à un jeune de ne pas fumer, on l'incite à le faire. Dites-leur; « fumez deux ou trois cigarettes par jour et ils diront : «je ne veux pas fumer » !
L'exemple des U.S.A. n'est pas probant. Là-bas la consommation tabagique a certes diminué mais celle des drogues illicites a augmenté, ainsi que le surpoids et l'obésité. Car addictions et habitudes alimentaires sont intimement liées dans un même mode de vie.
 Suivant  l'exemple étasunien,  nos législateurs  sont tombés  dans une  attitude  extrême en stigmatisant les fumeurs en tant que pollueurs. Cette attitude est injuste. Le tabagisme est une véritable toxicomanie qui repose bien davantage sur des facteurs sociétaux que sur des choix individuels, délibérés et librement assumés. 

Les grands fumeurs sont  des victimes et non des coupables. Le tabagisme, comme toute toxicomanie, est d'abord la conséquence d'un désordre social (4). Récemment une étude rappelle que les cancers des bronches, tout comme l'obésité et le diabète, sont plus fréquents dans les classes sociales défavorisées.
Ne pas  prendre en considération les facteurs sociaux et psychologiques du tabagisme  va  créer de nouveaux problèmes de santé et de société 


Bibliographie
1/ Des études indiscutables ont été publiées dès 1955. Elles montraient le lien entre le
tabagisme et le cancer des bronches.
2/ Entre 2010-2011 et 2011-2012, les livraisons de cigarettes aux buralistes ont baissé
de 3,5 %; mais 20 % des cigarettes fumées en France ont été achetées à l'étranger.
(Chiffres fournis par Altudes Distribution France et par les Douanes Françaises).
3/ Etude menée par un doctorant de la Rouen Business School et de la Reims Management
School, relatée dans la presse du 4 Juin 2013


(à suivre)