L'Asthme
Maladie actuellement plus fréquente et plus grave qu'antérieurement, et ceci alors que ne cessent d'être mis sur le marché de nouveaux médicaments toujours plus actifs sur les crises.
Même s'il est vrai qu'une allergie respiratoire est souvent présente, L'ASTHME NE PROVIENT JAMAIS D'UNE SEULE CAUSE.
Ce n'est pas pour rien que l'asthme fut le prototype des maladies psychosomatiques. Qu'il s'agisse d'un enfant ou d'un adulte, l'asthme est un étouffement: sont particulièrement exposés, l'enfant surprotégé, ou trop soumis à une répression à laquelle l'enfant se résigne, l'enfant dont on attend trop, l'adulte dévoué ("j'ai tout fait" ...pour les autres ) ou tenu en laisse et muselé dans son ménage ou dans son milieu de travail.
D'autres éléments entrent en jeu, et bien sûr la pollution de l'air. L'ozone, l'oxyde sulfureux, les oxydes d'azote, contenus dans l'air pollué:
- enflamment les bronches et favorisent les infections, souvent déclenchant des attaques d'asthme;
- exacerbent les allergènes; la preuve en a été faite en ce qui concerne le pollen des cyprès du Japon, les polluants modifient les grains de pollen qui deviennent beaucoup plus agressifs.
Les asthmatiques sont "des sentinelles", qui manifestent avant les autres les dangers portés par l'environnement.
Il est indéniable qu'il existe un facteur familial mais l'hérédité, dans les allergies et l'asthme, n'a rien d'obligatoire ni de fatal; il s'agit d'un facteur favorisant, sans plus.
LES TRAITEMENTS MEDICAMENTEUX sont efficaces pour enrayer les crises et ils ont sauvé, en urgence, bien des vies.
Mais ils ne sont pas faits pour supprimer la propension à faire d'autres crises: ils sont constitutionnellement incapables de guérir un asthme et si cela arrive c'est qu'un asthme peut disparaitre de lui-même si les circonstances qui lui ont donné naissance s'évanouissent; ce fait est connu depuis toujours.
Par contre, si les "causes" d'un asthme persistent, le fait de ne le traiter que par les médicaments (dérivés de la cortisone et bronchodilatateurs) va laisser la maladie s'aggraver, tout en faisant apparaître des effets secondaires dangereux non négligeables.
IL EST UTILE D'AGIR SUR LES ALLERGENES ET SUR LES INFECTIONS
EVITER DE TROP EXPOSER L'ASTHMATIQUE AUX IRRITANTS ET AUX ALLERGENES de le faire vivre dans la poussière, dans une habitation mal ventilée aux murs humides et moisis. Il est bon par contre qu'il dorme sur un matelas et un oreiller de mousse et sous une couette de même nature, que le chat de la maison ne dorme pas dans sa chambre—, conseils souvent entendus et pleins de bon sens.
Par contre, ne pas se précipiter pour supprimer un animal familier de l'asthmatique. Car l'allergène n'est qu'un facteur parmi d'autres, à la limite "une occasion" de manifester la maladie. Aussi faut-il surtout quand l'asthmatique est un enfant, faire attention, sous prétexte de lutter contre un allergène, à ne pas renforcer une dépendance, une "oppression" pour prendre un mot généralement exagéré, mais pas très éloigné de ce que ressent, inconsciemment, l'enfant.
AGIR CORRECTEMENT VIS-A-VIS DES INFECTIONS beaucoup d'asthmatiques déclenchent leurs attaques d'asthme au décours d'une infection rhinopharyngée ou bronchique; l'infection entraine une inflammation des muqueuses respiratoires qui facilite le déclenchement des crises.
L'erreur serait de recourir systématiquement et très vite aux antibiotiques qui risquent d'accroître le déséquilibre, déjà existant,du système de défense.
Il est en définitive préférable de traiter une infection respiratoire par les mesures traditionnelles. confort, repos, inhalations, gargarismes, lavages de sinus. S'il faut des antibiotiques, les utiliser plutôt par voie externe en aérosols.
Sans doute faut-il être prudent pour vacciner un enfant asthmatique. Le fait qu'une vaccination puisse déclencher ou aggraver un asthme est suspecté depuis longtemps; deux publications récentes laissent planer un doute sur une relation possible entre vaccinations ( B.C.G. en particulier) et déclenchement de l'allergie. Au moins est-il à souhaiter que le sujet cesse d'être tabou et soit sérieusement étudié.
LE TRAITEMENT DE FOND OFFRE DE NOMBREUSES POSSIBILITES
Améliorer l'HYGIENE DE VIE là où elle laisse à désirer:
- éviter les surcharges et les déséquilibres alimentaires. Ceci peut être de la plus grande efficacité s'il s'agit d'un adulte qui se nourrit mal. Dans ce cas, une diète passagère très restrictive peut être efficace pour couper une attaque d'asthme et un jeune partiel annuel plus prolongé pour guérir d'une allergie.
- prendre de l'exercice à l'air le plus pur possible
- éviter la fumée de tabac; l'adulte fumeur aura du mal à guérir de son asthme s'il continue son intoxication, il faudra souvent pour cela qu'il prenne les moyens de rechercher "ce qui le fait fumer" et il aura souvent besoin d'une aide psychologique. Pour un enfant asthmatique cela veut dire que les parents s'efforceront de ne plus fumer devant lui et d'aérer les pièces après qu'ils y aient fumé.
Améliorer le TERRAIN IMMUNOLOGIQUE directement soit par une désensibilisation spécifique menée par un allergologue expérimenté, soit, plus simplement, gràce à un traitement homéopathique.
Quoique l'on pense de l'homéopathie, il est incontestable qu'on observe, avec elle , de très beaux succès.
Il en est de même avec les CURES THERMALES ou simplement CLIMATIQUES. Selon les cas, différentes stations sont recommandables. Par exemple, chez un enfant gros mangeur, où l'eczéma alterne souvent avec l'asthme et qui répète sans cesse rhumes et bronchites, les stations soufrées ont de beaux et rapides résultats. Le climat de moyenne montagne en air pur ni trop humide ni trop sec, comme à Briançon, est sans doute le meilleur possible pour un asthmatique. Bien sûr la cure représente aussi un changement de vie et d'environnement, parfois un éloignement du milieu familial, et cela n'est pas indifférent à son effet sur la maladie.
Réapprendre A RESPIRER.
La plupart de nos contemporains utilisent mal leurs poumons et les asthmatiques encore moins bien, d'autant moins bien que leur asthme est plus ancien et qu'il a débuté tôt dans la vie.
La gymnastique respiratoire, toutes les techniques qui visent a régulariser et amplifier la respiration, la relaxation qui y associe une rééquilibration des systèmes nerveux et un effet antistress, sont de puissants instruments de guérison.
La kinésithérapie respiratoire permet de libérer les bronches et de mieux respirer. Elle n'est pas assez souvent prescrite.
AGIR ENFIN SUR CETTE OPPRESSION PROFONDE, INTERIORISEE, souvent présente chez l'asthmatique.
Quelques entretiens psychologiques de l'enfant asthmatique et surtout, de ses parents seront de la plus grande utilité.
Pour un adulte, une psychothérapie plus approfondie aidera à la guérison.
Quelque soit le moyen pris: en définitive, ce qui semble déterminant d'une amélioration ou d'une guérison chez l'adulte passe souvent par une prise de conscience et la décision de l'intéressé de chercher à s'en sortir, sans s'en remettre simplement et les yeux fermés à un prescripteur, fût-il le plus compétent. Aussi voit-on des asthmatiques guérir de façons très différentes les unes des autres, le seul point commun étant cette démarche personnelle.
Il est vrai qu'en cela l'asthme ne se différencie guére de ce qu'on observe dans d'autres maladies tenaces et pénibles !
En définitive, l'asthme, ce "dysfonctionnement de la fonction immunitaire", a le mérite d'offrir l'occasion d'une réflexion sur l'environnement et sur la vie.
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* Mise au point réalisée pour Santé pour tous par Luc Jaisson, docteur en médecine, pneumo-phtisiologue.