L'HYGIENE DE L'HABILLEMENT
Ce titre mérite de poser la question : l'habit est-il utile à la santé ?
Certes, en Picardie, est-il préférable de ne pas vivre nu pour ne pas souffrir du froid, en moyenne sans doute trois cent soixante jours par an, il n'en est pas de même partout et tout le temps. Cependant, presque partout, dans les esprits, nudité et sauvagerie sont liées : la nudité est une humiliation et une honte. Il est intéressant de constater que si l'on demande à un enfant de six ans pourquoi il faut s'habiller, il répondra le plus souvent en souriant : « pour ne pas être tout nu » !
S'habiller donc ; reste à savoir comment, n'importe quelle tenue et n'importe quel accessoire sont-ils indifférents à la santé ? Curieusement, l'homme, et la femme, de l'époque moderne, bien que généralement beaucoup plus instruits que leurs aïeux, ont une mode vestimentaire nettement moins respectueuse des besoins du corps, à croire que«la mode trotte et la folie suit ».
PITIE POUR LE CORPS
Sous-vêtements et vêtements collants, cravates serrées, ceintures et soutien-gorge, chaussures à la mode briment le corps de l'homme moderne. Passons la revue.
LES SLIPS
Au cours de l'Histoire l'apparition des sous-vêtements en coton a amélioré le confort dans les régions où le lin et la laine étaient les seuls textiles accessibles jusqu'alors à la majorité de la population.
Le sous-vêtement collant à la peau est bien plus récent. C'est à partir de 1945 que le slip a supplanté le caleçon. Le slip n'a que des désavantages, même s'il est changé deux fois par jour. Le slip recouvre étroitement des régions qui suent aisément, il facilite ainsi la macération des plis inguinaux et fessiers.
Chez l'homme, le slip ajusté maintient au chaud ce qui est prévu pour vivre au frais : les testicules ,qui fabriquent sans cesse, à partir de la puberté, des milliards de spermatozoïdes. Leur activité intense souffre de toute surchauffe laquelle induit une perte de qualité et de quantité de leur production, et, au pire, un cancer. Ce n'est pas sans raison que les testicules qui, parfois, restent dans l'abdomen au lieu de migrer dans les bourses sont beaucoup plus souvent atteints de cancers. Situés normalement à l'extérieur de l'abdomen, il leur est bon d'être maintenus au frais. Le slip qui les maintient étroitement serrés contre le corps est un contre sens.
Serait-il bon pour les femmes ? non car les organes sexuels externes de la femme sont le siège de sécrétions constantes ; le confinement les amplifie, créant un réceptacle d'humidité, favorisant l'inconfort, les irritations et les infections.
Enfin le slip, avec ses élastiques, gène la circulation veineuse et lymphatique, particulièrement intense dans les régions inguinales. Par bonheur le caleçon revient un peu « à la mode », encore faut-il qu'il ne soit pas collant !
LA CRAVATE
De cache-col elle est devenue ficelle qui serre le cou et symbole des « cols blancs ». De fait on voit mal comment un ouvrier pourrait travailler avec un tel obstacle à la respiration. C'est véritablement, du point de vue santé, un accessoire inutile et nuisible.
Malheureusement elle n'est pas le seul obstacle à une bonne respiration, comme si les divers éléments de l'habillement moderne conspiraient à nous couper le souffle.
LA CEINTURE
Dés qu'elle est tant soit peu serrée et donc dés qu'elle est utilisée pour maintenir le pantalon ou la jupe, la ceinture gène la respiration, la circulation et, encore davantage, la digestion. Les bretelles sont fort préférables.
Les ceintures de contention, corsets, lombostats ajoutent à ces inconvénients en entraînant un affaiblissement de la musculature ; de façon générale une contention n'est justifiée que pour corriger un déficit précis et sa prescription devrait toujours tenir compte de ses effets négatifs.
LE SOUTIEN-GORGE
Il est facilement compréhensible qu'il s'agit, là aussi, d'un accessoire non dénué d'inconvénients. Beaucoup de modèles compriment plus qu'ils ne soutiennent, surtout quand ils comportent des armatures, ils gênent la respiration générale et la circulation sanguine et lymphatique des glandes mammaires. Ces deniers inconvénients ont mis en cause les soutiens gorges comme facilitant les cancers du sein. Les modèles en balconnets n'échappent qu'en partie à ces reproches.
Mais que faire lorsque les seins sont volumineux, ou que l'on pratique un sport ?
Sans doute alors utiliser un soutien gorge, mais uniquement dans les moments où il s'avère utile. Ne gagnerait-on pas à aller voir comment les femmes ont résolu le problème dans les autres cultures ? sans oublier que les seins sont naturellement maintenus par une musculature qu'il faudrait fortifier plutôt que de l'affaiblir comme on le fait couramment en affublant de soutiens gorges des fillettes pas encore pubères.
LES VÊTEMENTS COLLANTS
De façon générale ils ne facilitent pas la circulation, la digestion et la respiration, mais facilitent la cellulite. Jeans, bas collants et pantalons moulants compriment l'abdomen et les fesses, congestionnent le petit bassin et favorisent varices et hémorroïdes, tout en affaiblissant la musculature.
Privilégions les vêtements amples, la robe plutôt que la jupe, le drapé plutôt que l'ajusté.
PITIE POUR LES PIEDS
L'adjudant : « de quoi sont les pieds ? »
Le soldat (instruit) : « les pieds sont l'objet de tous les soins »
Une fois n'est pas coûtume, le manuel du bon fantassin avait raison.
Mais les civils et, encore davantage, les civiles ne se soucient de leurs pieds que pour la mode et pour s'en plaindre quand ils se rebellent.
Incarcérés dans des chaussures étroites, écrasés au fond de la pente créée par les talons hauts, serrés comme des petits pois dans leur gousse les orteils deviennent carrés et finissent par jouer à saute-orteil sur les voisins.
Le pied ne souffre guère de marcher, il souffre des chaussures inadaptées qu'on lui impose. Les chaussures modernes ne respectent pas la forme naturelle du pied. Elles sont trop étroites, trop pointues, trop pentues. Le talon a été inventé pour retenir les arçons des cavaliers, il n'a aucune justification pratique pour les piétons.De plus la technique moderne utilise souvent des matériaux comme le caoutchouc ou les matières plastiques qui facilitent la macération.
Aujourd'hui, seules les chaussures des tout-petits sont mieux conçues, mais « la mode » n'a, depuis des siècles, cessé de préconiser la forme pointue et étroite comme principe
d'élégance. Notons qu'ici aussi la mode actuelle, introduite à la Renaissance, visait à distinguer une classe sociale qui ne travaillait pas physiquement.
Les conséquences sont indéniables. Après quelques décades de ce traitement, la plupart des pieds sont définitivement déformés, quand ils ne sont pas rendus inaptes à la marche et douloureux pour un rien. La démarche est devenue pénible, contractures et hyperlordoses, cors, oignons, hallux valgus et maladie de Morton se multiplient...Il est heureusement souvent encore temps d'être soulagé en adoptant des chaussures mieux adaptées, en sachant qu'il faudra parfois garder cependant un talon quand on a habitué son corps trop longtemps aux talons hauts.
La prévention est simple, elle donnerait un dos plus solide et des pieds « inusables », beaux comme ceux des Vénus et des Apollons de la Grèce antique. Pour cela : des chaussures dessinées sur la forme naturelles du pied, plus larges en avant, sans talons ou avec des talons très bas.
ET LA TETE ?
La mode n'est plus guère aux chapeaux. Il est sans doute bon de se couvrir la tête quand il pleut ou qu'il fait froid, mais, sous nos climats tempérés, est-ce une question de santé ou de confort ? Par contre, le couvre-chef s'impose, surtout pour les petits enfants et les personnes âgées quand le soleil est fort, et encore davantage si l'on est à la plage ou à la montagne. Si le couvre-chef est à larges bords, il protégera aussi le cou et les yeux des excès d'ultra-violets.
QUELS TEXTILES ?
A côté des questions posées précédemment, la composition des vêtements n'apparaît pas primordiale. Le meilleur textile est réputé être le coton, mais le « pur coton » d'aujourd'hui est tellement traité chimiquement qu'il en a perdu une bonne part de sa supériorité. Les textiles synthétiques sont souvent source de charges électrostatiques et peu absorbants. Du coup, rechercher l'idéal en la matière, est devenu difficile et coûteux pour, la plupart du temps, un bénéfice assez modeste, sauf en cas de peau particulièrement sensible.
QUEL ENTRETIEN ?
Un degré raisonnable de propreté suffit, inutile de tout passer à l'eau de Javel et de laver systématiquement dés que cela a été mis une fois. Les savons végétaux évitent les risques d'allergies que peuvent entraîner les lessives actuelles toutes à base de détergents. Quant aux assouplissants qui réalisent un traitement chimique supplémentaire, ils peuvent être, dans leur fonction « anticalcaire », facilement remplacés par le vinaigre blanc ou le jus de citron .
PROFITER DE LA LIBERTE
Il y a bientôt quarante ans un vent de liberté avait couru aussi dans le domaine du vêtement, mais la « mode » a vite restauré son pouvoir, aidée en cela par la prégnance des intérêts économiques. La mode, que ce soit pour les soins corporels ou l'habillement, n'est pas basée sur l'hygiène mais elle tire sa force des principes qui fondent une culture. Dans notre culture la femme reste encore l'objet sexuel numéro un à mettre en valeur de toutes les façons (d'où vêtements collants, soutien-gorge, hauts talons...) tandis que l'homme se doit d'apparaître "sérieux " et que les pantalons actuels effacent son sexe. L'habit sert toujours à se singulariser socialement et la mode y contribue en changeant sans cesse dans une course que ne peuvent suivre les moins argentés.
C'est sans aucun doute notre culture qu'il faudra faire évoluer pour qu'il advienne un temps où les corps de l'homme et de la femme soient réellement respectés. Dans l'immédiat chacun doit trouver sa solution, la moins mauvaise possible, qui soit compatible avec sa vie sociale et son équilibre personnel global.