La retraite : tout n’est pas dit
La démographie
Elle fait partie des « sciences humaines », elle est donc fondamentalement imprécise ; aucune prévision certaine ne peut être faite, extrapoler les tendances passées sur l’avenir est risqué.
En 1991, dans le premier rapport Rocard il est écrit que : « l’espérance de vie ne peut qu’augmenter », encore maintenant on voit écrire dans la presse qu’elle augmente d’un trimestre chaque année ! Mais, en 2009, l’INSEE constate qu’en 2008, il n’y a eu aucune augmentation de l’espérance de vie.
L’augmentation continue du nombre des retraités jusqu‘en 2038 n’est qu’une extrapolation hypothétique. Selon cette hypothèse*, le rapport du nombre d’actifs sur le nombre de retraités diminuerait de 1,8 aujourd’hui à 1,2 en 2050, mais de 1947 à 1980, il est passé de 3,14 à 1,88 sans que cela crée un problème.
La situation économique des retraités
Elle est très inégalitaire par suite des assurances complémentaires déjà existantes et des différents régimes.
Globalement, l’ensemble des retraités a davantage de revenus que l’ensemble des actifs. Cet avantage vient du fait qu’une minorité de retraités complète sa pension de retraite par d’autres revenus, actions en Bourse, revenus fonciers ou immobiliers. La plupart des retraités ont des revenus modestes et il ne faudrait pas oublier les quatre millions sept cent mille personnes qui perçoivent une retraite inférieure à 685 euros (minimum vieillesse, 684 euros, minimum contributif, 650 euros).
Les « réformes » en cours depuis 1993 vont aggraver cette situation : de 72% du salaire la retraite passera à 59% du salaire en 2050*.
Le déficit de l’Assurance Vieillesse
Il n’existerait pas si les rentrées n’avaient été diminuées :
- par suite du chômage, du travail à temps partiel et de la précarité,
- par suite des blocages de salaire, (les cotisations vieillesse étant évaluées en pourcentage des salaires)
- par le raccourcissement de la période de cotisation, avec une entrée plus tardive dans l’emploi et une cessation réelle d’activité plus précoce.
- par le faible taux de cotisation sur les sommes perçues dans le cadre de « l’intéressement » et de la « participation »
Les retraites et l’Èconomie du pays :
des faits nécessaires à rappeler pour une réflexion sans a priori:
Le PIB (Produit Intérieur Brut), représente plutôt mal que bien le revenu total des français, mais on ne dispose pas d’une mesure monétaire plus exacte !
Il augmente régulièrement de 40 à 50% en 20 ans, le maintien du calcul actuel des retraites nécessiterait d’en prendre 2 à 3 points pour supprimer tout déficit*…Est-ce déraisonnable ?
Pour donner un ordre d’idée : en 2010 la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse estime son déficit à 10,7 milliards d’euros, les dividendes versés aux actionnaires se sont élevés à 160 milliards.
Le revenu salarial moyen n’a pas augmenté depuis 30 ans, la valeur des actions en Bourse a augmenté, malgré les « crises », de 250 pour cent.
Terminons par une devinette:
Qui a déclaré: « La part des profits est inhabituellement élevée et la part des salaires est inhabituellement basse… l’amplitude de cette évolution et l’éventail des pays concernés n’a pas de précédent depuis 1965 » ? *
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*chiffres repris dans le rapport du C.O.R. le Conseil d’Orientation des Retraites
*c‘est la B.R.I., Banque des Règlements Internationaux