I- 2 L’hypertension artérielle ne cesse de toucher davantage de Français (9) et les attaques cérébrales, devenues un peu moins fréquentes au-delà de 45 ans sont en nette augmentation chez les plus jeunes (7), ceci alors que les préventions sont connues.
Depuis dix ans et grâce à un chercheur désintéressé, l’excès considérable de consommation de chlorure de sodium, composant quasi exclusif du SEL, a été pointé du doigt. Le professeur Méneton s’est élevé contre la présence de sel dans des préparations où il n’a rien à faire, les boissons sucrées par exemple, et il s’est attiré la vindicte des industriels de l’agro-alimentaire, avec procès à l’appui.
Mais la responsabilité du sel dans l’hypertension et l’athérosclérose est maintenant admise et l’on comprend mieux pourquoi les études d’efficacité des traitements hypotenseurs (Étude ALLHAT, 2002) ont montré la nette supériorité des diurétiques, dont l’action essentielle est de forcer les reins à éliminer le sel excédentaire ; tous les autres médicaments antihypertenseurs, par ailleurs beaucoup plus coûteux, se révèlent nettement moins efficaces et entraînent davantage d’effets secondaires.
Ainsi les bêta bloquants, très souvent prescrits font certes souvent baisser la tension mais au prix d’une mise en sommeil des capacités cardiaques par une diminution de la fréquence et de la force de la pompe qu’est le cœur ; on agit là sur des conséquences de la maladie hypertensive et non sur ses causes. Le risque n’est-il pas de diminuer l’irrigation cérébrale et rénale et de décourager l’exercice physique qui est un des remèdes simples à la maladie hypertensive ?
Notons que la pratique médicale, en France, n’a guère changé depuis l’étude ALLHAT, suite aux efforts concertés des intérêts pharmaceutiques en cause qui ont mené une campagne assidue pour contredire les conclusions de cette étude (Constatation faite en 2008 par le FORMINDEP, collectif français pour une formation et une information médicale indépendante).
En réalité les besoins en sel sont très faibles et généralement assurés par une alimentation variée sans aucun ajout, nos reins étant faits pour en éviter la perte dans les urines. Un manque ne pourrait survenir que lorsque l’on sue beaucoup : j’avais écrit (1), que le français moyen consommait quatre fois plus que le besoin de sel, on peut dire que la vérité est plus proche de huit fois les besoins, malgré une légère baisse de cette consommation durant les six dernières années ! Ajouter du sel pour cuire ou assaisonner les aliments pourrait donc cesser d’être une règle pour devenir une « exception-plaisir », sans oublier que les gastronomes savent bien que « saler » c’est souvent voiler la faible qualité des ingrédients ! La présence de sel, souvent abondante dans ces aliments, est une raison parmi d’autres d’éviter de consommer des produits industriels.
Manger trop salé est un facteur depuis longtemps reconnu de cancer de l’estomac et la responsabilité d’un excès de sel dans l’ostéoporose est maintenant davantage signalée. Une étude a pu montrer que les besoins en calcium dépendent fortement de la quantité de sel ingéré : dans une alimentation ne comportant pas d’ajouts de sel ces besoins n' excédent pas ce qu’il est aisé d’obtenir sans produits laitiers. Ceci confirme les observations déjà connues de populations ne consommant pas de produits laitiers et exemptes d’ostéoporose.
Une diminution de la consommation du sel est donc une mine de santé à creuser, mais qui devra convaincre les professionnels de la boulangerie et de la charcuterie et vaincre la résistance acharnée maintenue par une industrie agro-alimentaire qui reste persuadée que moins saler ses préparations lui ferait perdre du chiffre d’affaires. Seule la loi pourrait faire céder cette résistance, la simple incitation, déjà expérimentée dans d’autres pays, a un effet presque nul, 18 fois moins important qu’une mesure autoritaire (10)
PLUTÔT QUE DES MÉDICATIONS « PRÉVENTIVES »
Une avancée intéressante dans le domaine des maladies artérielles est la divulgation de plus en plus présente du peu d’intérêt des médicaments dits « préventifs » : hypocholestérolémiants et antihypertenseurs : les études scientifiques ayant désormais retenu le critère de la « durée de survie » concluent maintenant le plus souvent à la très faible efficacité de ces médicaments (11).
Là aussi les avancées de la recherche ne se traduisent pas encore beaucoup dans la pratique médicale, d’autant plus que les autorités responsables de la mise sur le marché et du remboursement des médicaments n’ont pas fait leur travail, ce qui est maintenant reconnu suite au scandale du Médiator.
Bien que je n’aie pas connaissance de récents travaux à ce sujet, il est probable que les anticoagulants, prescrits comme prévention primaire des thromboses artérielles chez des sujets encore indemnes, n’aient eux aussi que peu d’intérêt quand on envisage leur efficacité à longue échéance en terme de durée de survie. Leur efficacité en qualité de traitement immédiat et à court terme est une chose, leur utilité semble plus discutable chez une personne qui n’a jamais eu d’accident thrombotique ou même, à long terme, chez un sujet qui vient d’en faire un ; il est à remarquer que l’usage des anti vitamine K pour prévenir une rechute d’infarctus, très courant dans les années 1960, avait été abandonné quelques années plus tard compte tenu des faibles résultats et des inconvénients du traitement. Mais la mode en est revenue et les inconvénients ne sont pas exceptionnels ni bénins : 4000 décès et 17000 hospitalisations annuelles (12) ; il serait intéressants de tester, face aux médicaments anticoagulants, l’alternative simple consistant à lutter contre l’hyper coagulabilité par une activité physique régulière alliée à une alimentation correcte, moins riche en viandes rouges et en omégas 6, et plus riche en poisson et en légumes.
7 / Projet NOMAS et conférence de l’ American Stroke Association – février 2011
8 / Travaux du Docteur Philip du C.H.U. de Bordeaux : le manque de sommeil
augmente la résistance à l’insuline et diminue la réponse immunitaire.
9 / Conférence des « mardis de la santé » sur l’hypertension : en
France, 10 800 000 d’hypertendus en 2004 et 12 000 000 en 2009
10/ Cost-effectiveness of intervention to reduce dietary salt intake – Heart on line 29/10/2010
11/ Statins and adverse cardiovascular events – Journal of Empirical Legal Studies (5/9/08)
12/ Chiffres publiés dans la presse après les déclarations du Professeur Bounhoure
sur ce sujet en Novembre 2011