L'os est un tissu vivant et l'ostéoporose est une maladie de la trame osseuse et non une simple décalcification.
La majorité des informations données par les médias met l'accent sur l'importance d'un apport élevé en calcium clans l'alimentation. En conséquence le calcium est devenu l'étendard des produits laitiers, très riches en calcium.
Premier paradoxe : l'ostéoporose frappe très fort les pays les plus gros consommateurs de lait et dérivés.*
Second paradoxe : l'ostéoporose n'a pas reculé, dans un pays comme la France, où depuis cinquante ans, la consommation de yaourts, desserts laitiers et fromages a littéralement explosé. Faudrait-il encore augmenter cette consommation ? Faudrait-il que les gens âgés consomment un produit laitier à chacun des quatre repas quotidiens conseillés, comme le préconisait récemment l'ex-Comité Francais d'Education pour la Santé, dans un opuscule destiné aux seniors et sponsorisé par le Centre d'Information de l'Industrie Laitière ?
Petit à petit trois équations avaient été imposées dans les esprits :
1/ l'augmentation du risque de fractures est lié à la diminution de la densité osseuse
2/ Cette diminution de densité osseuse vient d'un manque de calcium dans l'alimentation
3/ Ce manque de calcium vient d'une trop faible consommation de produits laitiers.
De ces équations on tirait le raccourci suivant : si vous ne voulez pas vous casser les os, buvez du lait et mangez du fromage.
Le « hic » c'est que, comme aucune de ces équations n'est rigoureusement exacte, la conclusion «pédale dans le yaourt ».
La première équation est à moitié vraie.
La mesure de la densité osseuse par l'ostéodensitométrie n'est pas un examen prédictif fidèle: la moitié des fractures chez les femmes âgées (les plus concernées) survient chez des femmes ayant une densité osseuse peu modifiée.* Cette mesure n'est pas un bon reflet de l'état des os, elle ne concerne que des zones précises, elle ne reflète pas l'état de la trame osseuse et ellepeut ne pas changer alors que le risque de fracture a évolué.*
D'autres examens plus fidèles existent mais ils sont coûteux et peu utilisés actuellement.
La seconde équation parait être fort sujette à caution.
Il n'est pas prouvé qu'une alimentation peu riche en calcium crée de toutes pièces une ostéoporose .Il n'est pas signalé une plus grande fréquence de l'ostéoporose dans les régions granitiques où l'eau et les végétaux contiennent peu ou pas de calcium..
Une surcharge en calcium dans l'alimentation des personnes âgées augmente un peu la densité osseuse chez les personnes en surpoids ou en insuffisance pondérale mais pas chez les personnes de poids normal.* La revue la plus exhaustive portant sur ce sujet a montré que le traitement par calcium et vitamine D n'avait d'intérêt que chez les personnes vivant en institution. *
Enfin et surtout : un apport supplémentaire en calcium chez des femmes ménopausées améliore la densité osseuse, surtout dans les os longs comme le fémur, mais n'a pas diminué significativement le risque de fracture.*
Ceci s'explique : la solidité de l'os dépend de sa structure davantage que de sa charge en calcium.
La troisième équation suppose que le calcium des produits laitiers ingérés va se fixer sur les os de façon systématique et que leur consommation est la seule solution.
Or de nombreuses populations consomment très peu ou pas du tout de produits laitiers et on n'y a jamais signalé une fréquence exagérée de fractures .
La densité minérale des os apparaît être acquise lors de l'adolescence, il s'en est suivi le conseil de donner beaucoup de produits laitiers aux adolescents et surtout aux adolescentes. Mais une étude récente pose une question intéressante : est-ce la quantité de calcium ingéré ou l'exercice physique qui joue le rôle prépondérant ?
IL FAUT DONC ENVISAGER LA QUESTION D'UNE FACON DIFFERENTE
On observe très souvent, chez les gens atteints d'ostéoporose, des dépôts de calcium dans les artères et autour des articulations (ostéophytes). Comment comprendre qu'ils manqueraient de calcium ? On arrive à la question de savoir pourquoi le calcium se fixe mal sur les os ou pourquoi les quitte-t-il ?
QUELQUES FACTEURS CONNUS :
LE SEXE : à 69 ans , 60% des femmes et seulement 40% des hommes ont des signes d'ostéoporose. L'hypothèse la plus admise est que cette différence provient de la chute brutale des oestrogènes lors de la ménopause, ces hormones ayant un rôle protecteur, tout comme les androgènes d'ailleurs ce qui concorde avec le fait qu'à 80 ans le risque tend à devenir égal dans les deux sexes.
L'AGE : plus on avance en âge plus le risque de fracture s'accroît, mais cela ne signifie pas que l'âge en lui-même soit facteur de risque. Car, avec l'âge, le mode de vie change ; la sédentarité s'accroît...Il n'est, pour l'instant, pas facile de discerner ce qui relèverait du vieillissement lui-même.
LES GENES : un facteur génétique agit probablement du moins dans certains cas ; son importance reste à préciser.*
LA CORTISONE et ses dérivés : une augmentation du cortisol naturellement produit par l'organisme ou un traitement par la cortisone créent rapidement une ostéoporose.
La prise de corticoïdes par voie générale ou locale concerne un nombre considérable de sujets, arthritiques, allergiques, asthmatiques...rien que 500.000 pour les inhalateurs.
Enfin les surrénales des sujets chroniquement stressés sécrètent davantage de cortisol ; ce facteur n'est jamais mis en avant... « ne supprimez pas le stress, c'est le moteur de l'entreprise» ! !
LE SODIUM : c'est un facteur connu mais sur lequel on passe souvent.
Le sodium est un antagoniste du calcium, plus il y a de sodium, plus le calcium fuit hors des os.* Avec la consommation actuelle moyenne de sel par les français (10 à 12 grammes), il faudrait, pour compenser cette fuite parvenir à une consommation journalière de 2 grammes de calcium par jour, ce qui ne peut se faire sans une consommation très importante de produits laitiers, eux-mêmes, quand il s'agit de fromages, gros pourvoyeurs de sel, c'est une course sans fin...
De l'autre côté, 500 milligrammes de calcium, ce qui peut être assuré même en l'absence de produits laitiers, suffiraient à qui n'absorberait que 2 grammes de sel.
LE MANQUE DE VITAMINE D : cette vitamine est absolument nécessaire à notrebonne santé et, en particulier à celle de nos os et de nos muscles ; très peu d'aliments courants contiennent de la vitamine D mais quand nous exposons notre peau à la lumière naturelle, même par temps nuageux, celle-ci nous fabrique très facilement la quantité nécessaire. Cette vitamine naturelle est très efficace et elle n'est jamais produite en quantité exagérée ce qui est précieux car un excès de vitamine D est dangereux
Actuellement fort peu de gens travaillent à l'air libre et nous marchons trop peu, aussi la plupart des français, surtout les gens âgés, manquent de vitamine D naturelle.
LA SEDENTARITE est un facteur favorisant décisif. Les tractions exercées sur les os, les muscles et les tendons par les mouvements et le poids du corps en position debout provoquent l'orientation la plus efficace des travées osseuses et suscitent la calcification de ces travées: un sujet cloué au lit se décalcifie et se fragilise très vite, un cosmonaute également. Ceci explique aussi un apparent paradoxe: les obèses ont, en moyenne, moins d'ostéoporose que les maigres, toutes choses égales par ailleurs.
D'AUTRES CARENCES FAVORISENT L'OSTEOPOROSE . Parmi les substances indispensables au bon état des os, les vitamines K, B2 et B12, qui manquent plus rarement que le silicium, le zinc, le magnésium, le manganèse et le cuivre, oligoéléments que l'alimentation « moderne » du français moyen n'apporte pas assez.
DES SUBSTANCES SONT NOCIVES POUR LES OS. (et pas seulement pour les os) C'est le cas des métaux lourds, plomb, mercure, tungstène... mais aussi de l'aluminium aux propriétés voisines, et sans doute aussi du tabac.On a aussi repéré la nocivité du café, mais seulement quand il est pris en grosse quantité.
PLUSIEURS NUTRIMENTS SONT AMBIGUS : une carence en protéines facilite l'ostéoporose mais un excès de protéines animales la facilite aussi.
Un apport insuffisant de phosphore et de fluor facilite l'ostéoporose, leur excès également. Enfin est mis en avant le rôle nocif des aliments acidifiants dont font partie tous les aliments d'origine animale. (attention : acidifiant ne signifie pas « acide » au goût, bien au contraire : le citron, acide au goût, est un alcalinisant, le contraire d'un acidifiant ; par contre, la viande, douce au goût, est acidifiante )
ALORS, FAUT-IL FORCER SUR LES PRODUITS LAITIERS ?
Reste peut-être le yaourt, allégé de préférence, et si l'on n'a pas d'intolérance aux protéines du lait, et, de toute façon, en quantité raisonnable.Mais surtout mangez beaucoup de légumes variés et buvez de l'eau riche en bicarbonates de calcium.
FAUT-IL PRENDRE DE LA VITAMINE D ?
Trop peu d'aliments courants et sans risques contiennent de cette vitamine. La vitamine D médicamenteuse doit être maniée très prècisement ; elle n'aurait qu'extrêmement peu d'indications si quelques règles d'hygiène de vie étaient suivies : sous le climat picard, il suffit de sortir tous les jours de chez soi, en plein jour, un quart d'heure en été, une heure en hiver, le visage découvert et il suffirait, pour les personnes qui ne peuvent sortir de se mettre le même temps, couvertes en fonction de la température, assises à côté d'une fenêtre ouverte.QUE PENSER DES AUTRES MEDICAMENTS DE L'OSTEOPOROSE ?
Pendant longtemps on ne savait que diminuer les fuites de calcium. Aujourd'hui existent de nouveaux médicaments tendant à augmenter sa fixation, ils semblent prometteurs pour les ostéoporoses installées. Ces derniers médicaments sont, pour l'instant réservés aux personnes atteintes d'ostéoporose ayant déjà subi plusieurs fractures.
LE CHOIX : l'attitude préventive consiste à adopter d'emblée un mode de vie joyeux sans craintes excessives, sans perdre la considération de soi favorable à la santé en général, en bougeant, en sortant, en limitant sa consommation de sel, en mangeant varié mais avec beaucoup de légumes frais, de légumes secs et de fruits frais et non pollués.
L'autre attitude consiste à ne s'occuper de sa santé que lorsque les ennuis commencent et à confier alors son sort à son médecin et aux médicaments. A chacun de choisir.
Reste aux pouvoirs publics à favoriser le bon choix et à faire en sorte que les contraintes économiques et les informations données ne poussent au mauvais choix, ce qui reste le cas actuellement
____________________________________________________________________ *=sources données sur demande au 0322420735.