QUELLES ACTIONS PUBLIQUES CONTRE LES
ADDICTIONS ?
I / Le Tabac
Il est habituel d'entendre
dire que: « si l'on fumait et buvait moins il y
aurait moins de malades ». Mais l’État, qui nous invite gentiment à
ne plus fumer et à ne pas trop boire, reste, dans ses pratiques, encore bien
ambigu.
Le TABAC a longtemps bénéficié d'une grande bienveillance
de la part des autorités publiques. Les mesures, très tardives si l'on prend en
compte l'ancienneté des études prouvant la nocivité du tabac, n'ont été prises
que très lentement et difficilement (1). La totale suppression de toute forme
de publicité et d'encouragement à fumer, ce qui est bien un minimum, sera
achevée quand la suppression des marques sur les paquets deviendra effective,
elle est prévue en 2016. Des additifs, souvent des aromatisants, ont été
ajoutés au tabac, créant par combustion de nouveaux cancérigènes s'ajoutant à
ceux qui proviennent du tabac lui-même. On sait depuis de nombreuses années que
la dépendance vis-à-vis du tabac a été ainsi délibérément augmentée par les
industriels ; et ce n'est qu'en 2015 qu'une Ministre de la santé «propose»
d'interdire ces additifs!
La pression des industriels n'a pas fini de contrer l’action d'un groupe de
médecins. Ces médecins, pneumologues et
hygiénistes bien intentionnés, restent malheureusement étrangers aux
questions psychologiques et sociales posées par le tabagisme. Pourtant cette
addiction, comme toutes les autres, ne tombe pas du ciel.
Les nombreuses mesures anti-tabac ont visé à rendre plus difficile la
consommation de cigarettes; celle-ci aurait légèrement baissé (2). Il est
difficile de mesurer l'effet de ces mesures en termes de santé globale.
Aux avertissements imprimés sur les paquets ont été ajoutées des images
chocs. Est-il efficace de jouer sur la peur quand le risque est connu? Une
récente étude met clairement en cause l'efficacité des horribles images
maintenant rendues obligatoires (3). Est-il raisonnable d'agresser ainsi des
personnes en situation de risque? Certains militants anti-tabac préconisent même
de prendre des mesures à l'encontre des buralistes. On avance ainsi vers des mesures répressives de plus en plus
sévères vis-à-vis des consommateurs et de petits commerçants nullement
responsables. Ne se trompe-t-on pas de cibles ? Ni les buralistes ni les
fumeurs ne sont la cause du tabagisme, ils n'en sont que des acteurs.
Du moins la lutte contre le tabac
mériterait-elle d'être menée de façon plus subtile, en évitant menaces et
moralisation. En ce qui concerne les jeunes, le Professeur Joyeux suggère: « Si l'on dit à un jeune de ne pas fumer,
on l'incite à le faire. Dites-leur; « fumez
deux ou trois cigarettes par jour et ils diront : «je ne veux pas fumer » !
L'exemple des U.S.A. n'est pas probant. Là-bas la consommation
tabagique a certes diminué mais celle des drogues illicites a augmenté, ainsi
que le surpoids et l'obésité. Car addictions et habitudes alimentaires sont
intimement liées dans un même mode de vie.
Suivant l'exemple étasunien, nos législateurs sont
tombés dans une attitude extrême en stigmatisant les fumeurs en tant que pollueurs. Cette attitude est
injuste. Le tabagisme est une véritable toxicomanie qui repose bien davantage
sur des facteurs sociétaux que sur des choix individuels, délibérés et
librement assumés.
Les grands fumeurs sont des victimes et non des coupables. Le tabagisme, comme toute toxicomanie,
est d'abord la conséquence d'un désordre social (4). Récemment une étude
rappelle que les cancers des bronches, tout comme l'obésité et le diabète, sont
plus fréquents dans les classes sociales défavorisées.
Ne pas prendre en considération les
facteurs sociaux et psychologiques du tabagisme
va créer de nouveaux problèmes de
santé et de société
Bibliographie
1/ Des études indiscutables ont été
publiées dès 1955. Elles montraient le lien entre le
tabagisme et le cancer des bronches.
tabagisme et le cancer des bronches.
2/ Entre 2010-2011 et 2011-2012, les livraisons de cigarettes aux
buralistes ont baissé
de 3,5 %; mais 20 % des cigarettes fumées en France ont été achetées à l'étranger.
(Chiffres fournis par Altudes Distribution France et par les Douanes Françaises).
de 3,5 %; mais 20 % des cigarettes fumées en France ont été achetées à l'étranger.
(Chiffres fournis par Altudes Distribution France et par les Douanes Françaises).
3/ Etude menée par un doctorant de la Rouen Business School et de la Reims
Management
School, relatée dans la presse du 4 Juin 2013
School, relatée dans la presse du 4 Juin 2013
(à suivre)