PROMOTION DE LA SANTÉ
et ACTIONS PUBLIQUES
LES RESPONSABILITÉS
DE L’ÉTAT
LA PROTECTION DE LA SANTÉ EST-ELLE
PRISE AU SÉRIEUX
PAR LES POUVOIRS PUBLICS ? /1
L’individu peut agir
pour promouvoir sa santé, encore faut-il qu’il soit en condition de le faire:
-
il faut qu’il soit instruit et bien informé,
-
il faut que ses besoins de base soient assurés
-
il faut que les moyens pour assurer cette santé lui
soient accessibles.
-
il faut que ses conditions de vie et son environnement
soient favorables
Les deux premières conditions sont dirimantes :
- l’instruction de tous les enfants doit être assurée
et l’école doit de plus assurer sa part dans leur éducation. C’est une
responsabilité primordiale de tout État.Celui-ci doit aussi s’assurer que tous les adultes soient informés de ce qui
favorise la santé, de ce qui favorise la maladie, de ce qui semble généralement
certain et de ce qui reste incertain : facile à écrire, moins facile à
réaliser. Du moins cela implique de contrer
toute propagande intéressée et de savoir résister rigoureusement aux
pressions industrielles et commerciales en ce domaine.
.
- l’État
doit aussi veiller à ce que tout citoyen dispose d’un minimum de moyens
matériels et donc d’un revenu régulier suffisant.
TOUT CELA RELÈVE
DES DEVOIRS BASIQUES
DE TOUT ÉTAT.
Mais l’État et les collectivités publiques peuvent aussi
aider l’individu à vivre sainement, sans empiéter sur sa liberté, simplement en
réalisant les conditions les plus favorables.
Prenons l’exemple de L'EXERCICE PHYSIQUE, désormais unanimement considéré comme un facteur de bonne santé. Certes, il existe maintenant,
au Centre anti cancéreux de Villejuif, un programme de ré-entrainement physique
de patientes traitées pour un cancer du sein. Mais qu’y-a-t-il de fait pour
inciter toute la population à l’exercice
et pour faciliter le changement d’habitudes ancrées depuis des décennies ?
Bien sûr la
décision de se bouger est une affaire personnelle…
Mais…combien de
milliards pour faciliter la circulation routière ou les transports
aériens? Et combien pour de véritables pistes
cyclables protégées, suffisamment larges et n’empiétant pas sur les zones
piétonnières ? Combien pour des
piscines publiques suffisamment nombreuses ? Dans les campagnes, les
municipalités se soucient-elles massivement du maintien des sentiers et des chemins ruraux ? Peu encore se
manifestent en ce domaine, malgré les efforts de plus en plus d’associations de
sauvegarde. Dans les villes, quand la moindre fissure du revêtement des
chaussées ou le moindre obstacle sur la voie publique (routière !) sont le
plus souvent rapidement corrigés, du moins en centre ville, les déplacements
pédestres sont-ils l’objet de la même attention ? Des trottoirs étroits,
au sol irrégulier, aux bordures abruptes donnent sur des passages piétons peu
sécurisés. Ces trottoirs encombrés de multiples poteaux et plots,
de publicité, d’éclairage, de signalisation (pour les automobilistes !),
obligent à une vigilance incessante. Ainsi les
déplacements à pied ressemblent
davantage à une course d’obstacles qu’à une marche détendue. Peu alléchants
pour les bien portants, ils deviennent quasiment impossibles pour les
handicapés, et dangereux pour les malvoyants et les personnes âgées.
Qu’en est-il de l’exercice physique à l’école, de six ans à l’Université, rejeté dans les « activités
périscolaires » sans budgets ni obligations.
Le sport est réduit à la compétition,
davantage dangereuse que bénéfique pour la santé des pratiquants tandis que le
peu qui est fait par les successifs Ministères du sport ont surtout visé à la construction de grands stades et aux
infrastructures servant aux jeux olympiques.
GOUTS ET HABITUDES ALIMENTAIRES
sont d’ordre personnel. Là aussi c’est à l’individu de prendre les décisions
qui s’imposent.
Mais…on pourrait peut-être l’aider, et d’abord cesser de
l’inciter aux erreurs et abus reconnus ?
L’Histoire ne
nous enseigne-t-elle pas que l’excès de consommation de sel est très ancien en
France et fut encouragé par le « Devoir de sel » décrété par un roi
en mal d’argent ? L’alcoolisme ne
fut-il pas facilité en Pologne par un roi lui aussi en difficulté
financière ? Les habitudes alimentaires ne
tombent pas du ciel ! Le mécanisme qui relie les conditions générales
de vie de nos concitoyens et les défauts de l’alimentation moderne a déjà été démontré : les effets
biologiques des principaux défauts sont des réponses logiques bien que
dramatiques pour la santé *. Cette alimentation déséquilibrée est adaptée au
mode de vie : il est très difficile pour un individu d’y échapper
durablement.
Cependant, tant
que ce mode de vie continuera de s’imposer, des mesures pourraient être prises
pour aider celui qui se déciderait à changer d’alimentation.
On dit au
citoyen de manger moins sucré, moins salé et moins gras, mais les autorités
refusent d’interdire (ou de surtaxer lourdement) les publicités qui incitent,
les enfants en particulier, à consommer toutes sortes de confiseries, y compris
celles qui remplacent le sucre par des
édulcorants car ces derniers, outre leurs effets secondaires, favorisent eux aussi le diabète.
Les messages de
santé obligatoirement ajoutés aux publicités soumettent le récepteur à un
double langage en lui-même pathogène, laissant entendre que « ce qui est
bon » est dangereux pour la santé. Il serait plus efficace d’augmenter drastiquement les taxes frappant ces publicités (et, pourquoi pas, toute
publicité pour des produits alimentaires non indispensables).
Et, puisque
décidément, on nous invite à « manger chaque jour cinq fruits et
légumes », la première chose à faire ne serait-elle pas de supprimer la T.V.A. sur les fruits et
légumes frais ? Et de moduler celle-ci, en ne laissant au taux réduit de
5,5% que les aliments vraiment bons pour la santé ?
L’État pourrait
réorienter la politique agricole en cessant toute aide à l’élevage du
bétail et aux cultures d’aliments pour
bétail, réservant cette aide à la production de blé panifiable, de légumes et
de fruits, surtout quand il sont « bio ». Il y a là un vaste domaine
d’action.
EXERCICE PHYSIQUE RÉGULIER ET ALIMENTATION SAINE SONT DES OUTILS ESSENTIELS POUR PROMOUVOIR LA SANTÉ A TOUT ÂGE.
Encore
faudrait-il que les pouvoirs publics soient partie prenante des efforts à
effectuer et commencent en cessant de favoriser la sédentarité et les produits
alimentaires dangereux pour la santé !
On verra prochainement comment les pouvoirs publics ont
encore d’autres bien lourdes
responsabilités concernant la
santé de la population. - A suivre donc-
*voir à ce sujet :
« Comment perdre la santé » ed
Fx de Guibert p. 174 à 176