RÉFLÉCHIR A LA SOLIDARITÉ édité en novembre 2011
Est-il possible de mettre de côté la question de la solidarité quand on parle de santé pour tous ? La réponse est évidente : une société basée sur la concurrence et la compétition peut parfois conforter la santé des plus doués et des plus chanceux, mais tant pis pour les autres !
La santé n’est pas donnée à tous d’emblée et de la même façon : face à cette inégalité incontestable il n’y a d’autre réponse civilisée que de s’organiser ensemble et donc d’organiser la société de telle sorte que d’abord chacun ait les meilleures chances de rester en bonne santé et de la faire s’épanouir et qu’ensuite ceux qui, malgré cela, sont handicapés ou tombent malades bénéficient de tout ce qui peut leur rendre la vie vivable.
Un « libéralisme » tel que celui qui règne aujourd’hui sur la planète ne cesse de détruire tout ce que les Etats avaient institué pour organiser la solidarité et faciliter l’existence des défavorisés. Il peut se le permettre car il a préparé les esprits par un patient travail de sape qui lui a acquis la presque totalité des supports d’information. Ainsi il a réussi à faire passer au premier plan des valeurs respectables certes mais qui avaient jusqu’alors une place modeste dans l’échelle des valeurs.
Ainsi en est-il de la « responsabilité » individuelle quand elle se traduit, dans les faits, par la culpabilisation des pauvres, des sans emploi, et, plus ou moins insidieusement, des trop vieux et des malades, « improductifs qui coûtent » …
Ainsi en est-il de la « justice fiscale » quand on l’exprime dans le discours : « est-il juste que MOI, qui travaille tant et ne touche aucune allocation, JE paye tant d’impôts alors que tant d’autres ne payent rien du tout ? »
Ainsi en est-il de « l’humanitaire » quant il passe avant l’équité : le système veut bien distribuer du pain, des pommes de terre, du riz et des pâtes aux démunis mais il n’admet pas que vivre soit un droit !
La malheureuse parole de Paul de Tarse : « que celui qui ne travaille pas ne mange pas non plus » n’a cessé de faire des ravages !
Oh ! Personne ne s’en prend directement à la solidarité, on se contente d’enfoncer le clou sur le « gouffre » que représenterait une Sécurité Sociale, dont jour après jour, les mêmes, partisans de la « libre entreprise », s’emploient à rétrécir les ressources et à augmenter les dépenses.
La solidarité face à la maladie, au handicap, à la perte de l’emploi est une vieille question. On a pu la croire réglée, dans la France de 1945, au sortir d’une guerre sans pareille. A cette époque, financiers et grands patrons se faisaient tout petits pour faire oublier leurs collaborations avec le nazisme. Par la suite l’argent est revenu au pouvoir, d’autant plus facilement que l’idée de solidarité n’avait, passagèrement, triomphé que dans quelques pays d’une « vieille Europe » incapable de résister à l’idéologie ultralibérale envahissant le monde.
Il ya une chance pour la solidarité aujourd’hui : le système a témoigné de son incapacité à assurer un vrai progrès ; il est de jour en jour plus évident qu’il mènerait l’humanité à sa perte s’il se prolongeait. Il ne saurait bien longtemps encore bloquer l’immense aspiration des humains à établir un ordre des choses où la fraternité soit davantage qu’un vain mot et devienne une réalité.