samedi 25 juin 2022

Lapins au CHU

 

Lapins au CHU (Conte d'après Noël)


Lap'Lu et lap'Ro auraient préféré le CHOU, mais parfois on n'a pas le choix.

Animal tendre et paisible mais nerveux et râleur, le lapin est toujours prêt à ronger ce qui se présente à ses incisives et même à ronger son frein car on n'est jamais assez prudent dans ses fréquentations quand on est une proie de choix pour tous ces canidés, ces félidés, ces reptiles et ces rapaces mêmes chouettes qui en veulent à sa peau, en fait à sa bonne chair fraîche, les seuls à ne rien laisser étant les hominidés dont on a vu longtemps en France des spécimens sillonner les rues, avec leur petite charrette à bras, en criant : « Peaux d'lapins ! Peaux d'lapins ! Deux sous la peau ! ». *

Comme les humains et leurs domestiques chiens nous chassaient tout le jour, nous prîmes, avec nos amis chevreuils et sangliers, l'habitude de ne sortir de nos repaires que la nuit, toujours avec prudence à cause des rapaces nocturnes, Grand-Duc et même la soi-disant « si gentille » hulotte (... quelle fake-news !) qui raffolent de nos lapineaux.

Malgré tout nous adorons folâtrer en bande sous la lune. Oui nous sommes pleinement lunatiques, ce qui nous rend très joyeux malgré les tristes sires qui nous guettent. Tout allait bien. jusqu'au jour où un savant hominidé répandit ce virus qui nous rend difformes, puis nous tue en nous paralysant dans d'atroces souffrances, tout en nous privant de notre seul moyen de défense : la fuite.

Et avec ce docteur Fol'amour, c'est 102 sous dessus la galipette !

Maintenant nous nous remettons doucement de cette pandémie et proliférons autant que nous le pouvons encore car nous faisons partie des EELV (Eroticos Ecolos à Longue Vue).

Eroticos : inutile d'insister.

Ecolos : y'a pas pas mieux que nous, totalement végans, consommant très peu d'eau, 100% recyclables, et champions de la gestion des déchets car nos jolies crottes aromatisées au thym ou au serpolet sont fort appréciées de quantité de bêtes .grandes ou petites .et de nous-mêmes (mais cela nous l'avouons rarement car nous risquerions de perdre l'estime de nos « Amis des bêtes »).

Longue Vue enfin car c'est elle qui souvent nous sauve.

* Pour en savoir davantage sur nous, lire : « L'éloge du lapin » de Stéphane Hachet/éd rivages : 2021

Revenons à notre conte.

Mais d'abord quelques mots du vocabulaire lapin :

- Les lapins (et les lapines évidement !) sont ceux que les chasseurs de maux attrapent au « Quinze », un super-collet téléphonocommandé très sophistiqué. -Le C.H.U., c'est la grande Clairière Hospitalière Unique en son genre située au sud d'Amiens, parfois aussi dénommée C.H.U.R. parce qu'elle est Rentable pour les banques, vues ses dettes.

Le CHU pour les lapins c'est un Grand Labyrinthe pour Lapins Malades, un G2LMÂ, comme dit le lapereau positif quand il est enlevé par une buse sous les yeux de sa mère. Et comme avec tout labyrinthe, il est plus facile d'y entrer que d'en sortir.

Les Sin-Bér(e)s qu'on verra apparaître dans ce récit, véridique quoiqu'il en paraisse, sont les membres, très diversifiés et hiérarchisés, de la grande famille des soignants plus ou moins Saint-Bernards dans leur cœur, mais, vues les économies nécessaires à une saine gestion, tous privés de tonnelets de rhum.

Mais foin de paroles, ce foin-là ne nourrit pas son homme !

Lap,lap,lap,lap,lap,lap

Ce matin-là, lap'Lu ne parvient pas à lire son Courrier des garennes Picardes.

Il téléphone aux urgences ophtalmo et Lap'Franç l'amène au grand CHU-sud. Là, après qu'il ait montré patte blanche et pass vaccinal contre la myxomatose, une gentille Sin-Bére-Oeil de lynx l'a tout de suite regardé au fond des yeux et n'y a trouvé rien de mal. Ce pourquoi elle lui a conseillé d'aller consulter les Sin-Bér(e)s-neuro.

Mais il fallait pour cela passer par les ZUrgences générales.

Lap'Lu aux ZU...

Dans son lit-brancard à roulettes à barreaux, lap'Lu se retrouve dans une foule de lapins et lapines, chacun dans son lit, plus ou moins dans le coma, les rares valides sanglés sur un fauteuil roulant.

Il y a là lap'1, bien sûr, lap'6 et son copin, lap'Ordonné, un curé lapin en crise de maso-contrition,

Et puis lap'20, complétement bourré.

Et puis une lap'Inédite : lap'Pine, une trans-sexuelle en mal d'amour, à côté de lap'Autre des Saintes Garennes.

Et puis lap'Idée, pleine de bleus.

Et lap‘Russe avec sa conjonctivite congénitale.

Et même un américain de la côte Est, lapp'Alâche blessé pour s'être interposé dans une rixe.

Il ne manque que lap'100, c'est normal.

Presque tout l'espace est rempli par cette multitude muette, au milieu de laquelle seul persiste un étroit passage où vont et viennent à grands pas, de droite à gauche, et de gauche à droite, des Sin-Bers et des Sin-Beres pressées qui regardent droit devant sans voir ni lap'Lu ni la lapine d'en-face qui pleure après maman.

Et ça couine, couine ; et ça couine, couine, couine...

Par bonheur, vu que lap'Lu n'a eu ni rhum, ni eau, ni urinal, il n'a pas envie d'uriner.

Les heures passent, lap'Lu passe le temps à observer les pieds des Sin-Ber(e)s qui passent et à élaborer des corrélations entre les groles et la catégorie socioprofessionnelle de l'individu qui les porte : ici les catégories sont peu diverses et les baskets prédominent fort.

Les heures passent un Sin-Ber-ambulancier s'arrête cinq minutes et va vers la lapine pleureuse que ses doux aboiements vont calmer quelque temps.

Les heures passent encore, mais, en début de nuit, une Sin-Bere-aide-soin, filleule de lap'Lu, l'aperçois là et le pousse dans une salle où bientôt elle amène un Sin-Ber-interne : scanner, prise de sang et envoi chez les Sin-Ber(e)s-neuro.

UNE PAIRE.DEUX NUITS.

Dans la chambre de soins intensifs neuro, lap'Lu est sérieusement soigné : un index dans un oxymètre, un bras dans un tensiomètre, des capteurs plein la poitrine, tout cela branché pour une surveillance permanente, sans oublier une perfusion dans le pli du coude. Interdiction totale de mettre ne serait-ce qu'une patte hors du lit. A peine fini d'avoir ficelé lap'Lu, les Sin-Béres- infirmières s'occupent du voisin qui vient d'arriver au C.H.U. parce qu'il vacillait sur ses pattes sans avoir la myxomatose. Puis elles nous amènent gentiment de quoi manger mais lap'Lu n'a pas faim, il a soif mais ne boit qu'un peu pour éviter un recours trop fréquent à l'urinal.

Lap'Lu et son voisin remercient les Sin-Béres, ce sont des lapins pôt-lits, sur un lit avec des barreaux, pour éviter qu'ils se cassent , avec un urinal et, comme pôt, une bassine s'il y a « besoin ».

Il est tard et les deux lascars auraient bien voulu dormir mais les brassards des tensiomètres se gonflaient fort tous les quart-d'heure, alors lap'Lu et son voisin lap'Ro se sont dit bonjour, ils ont réussi en se tortillant à tirer le rideau qui pendait entre les deux lits et les empêchait de se voir et ils ont bien rigolé en se racontant des histoires toute la nuit...

Le lendemain, au petit déjeuner et à midi : pas de carottes. une seule et fort petite feuille de salade. Et comment tartiner sans plier le coude piqué ? Aussi l'aiguille se plia-t-elle et la perfusion s'arrêtât mais lap'Lu ne dit rien, parce que ses veines se couvraient de bleus et que la dernière prise de sang avait nécessité le sacrifice douloureux d'une petite veine d'une avant-patte.

Chaque fois qu'une Sin-Bére-infirmière passait, elle disait : « fermez les yeux, tendez les pattes avant, touchez le genou gauche avec la patte droite et puis le genou droit avec la patte gauche. ! » Avec un Sin-bére étudiant, même chose mais lui il note, il note le nombre de cigarettes fumées durant la jeunesse de lap'Lu, ainsi que le nombre de verres de vin bus la semaine dernière et le niveau du cholestérol d'habitude.

Puis c'est le tour de la Sin-Bere-doc-neurol : « Lapin, tu as trop de cholestérol, tu ne prends pas de statines ni le bon anticoagulant ! ». Lap'Lu aurait bien voulu lui expliquer que la chasse au joli cholestérol était fermée et était encore moins justifiée que la chasse aux gentils lapins mais il avait oublié les références des études randomisées, le seul argument audible par une Sin-Bére savante.

C'est le tour des examens : écho du cœur, dopl'air, scanner avec ou sans préparation, etc.

Comme la Neuro est située dans une construction ancienne du grand CHU, que les examens se font dans les bâtiments récents

et que les deux parties ne sont reliées que par un escalier extérieur long et raide, chaque examen nécessite un transport en ambulance.

L'ambulance sort de l'enceinte de l'hôpital, le contourne puis y rentre par une autre entrée.

Tout ça à grand renfort de roulades pour les lapins...

C'est la fête de Sainte Casse-rognons pour les Sin-Bers-brancs et les Sin-Bers- ambuls qui, trois fois dans la matinée, pour divers examens, et toujours dans une bonne humeur renversante vont porter lap'Lu de son lit en brancard pour un p'tit tour autour du CHU et de brancard en lit d'examen, puis de ce lit au brancard, pour un re-tour autour du CHU, puis du brancard à son lit.

LA FOLLE NUIT DES SIN-BERES

Troisième jour sans mettre les pattes à terre mais heureusement sans selles, ce qui nous évite le supplice du bassin ; lap'Ro a réussi tous ses examens, il peut rentrer dans sa clairière.

C'est la Saint-Sylvestre, un jour ordinaire comme les autres pour les lapins en bonne santé qui, toutes les nuits, tapent, tapent, tapent le sol de leurs pattes arrières en clignant de l'œil vers les lapines.

Ce soir-là, les Sin-Béres étaient toutes joyeuses et leur joie avait quelque chose de communicatif, avec leurs clochettes au cou et .sur la tête, devinez quoi : « des oreilles de lapin ! ».

Comme c'était le réveillon, tout le monde a eu droit à du foie gras, mais lap'Lu n'avait pas faim et, à ce morceau de ses copines cancanières, il aurait préféré un « marron » même glacé, en fait une châtaigne, mais il n'y en avait pas, sauf celle qui s'invitait au pli du coude perfusé quand il avait la malencontreuse idée de le plier.

LA FUITE

Lap'Lu allait devoir décider s'il serait ou non le lap'Indocile de cette histoire: pour la Sin-Bere-neurologue lap'Lu devrait rester là encore quelques jours pour repasser ses examens. Mais lap'Lu sent qu'il s'affaiblit. Il n'est pas bon de rester couché trop longtemps, pour un lap' au pelage davantage « sel » que « poivre » ce qui va avec son âge de presque 90 lunes (ce qui est beaucoup pour un lapin).

Lap'Lu n'a pas d'escarre mais il a trop de fourmis dans les pattes et, après une longue discussion tranquille et sans masques, la Sin-Bere-neurologue accorde, à lap'Lu, et à son grand regret, sa sortie pour le premier jour de l'an.

Avant sa sortie, on l'a encore scanné, comme si pour se reproduire un lap avait besoin d'un tel appareillage !

Et puis on lui a fait un « dop'l'air'décarot'ides » ; d'abord déçu de n'entrevoir pas le moindre bout d'une carotte à se mettre sous la dent, lap'Lu finit par comprendre que si cet examen était réussi c'était bien parce qu'il avait, dans sa vie, mangé beaucoup de carottes.

En dernier : les preuves des déments. Le Sin-Ber-exam note chaque réponse sur son papier: « quel jour on est ?... « votre date de naissance ? »... : « le Président de la République ? ». : « dites-moi cinq mots ?... : « deux + neuf = ?... : « quel jour est-on ? ». : « quel âge avez-vous ? ». : « 25 - 12 = ?... : « c'était quoi les cinq mots ?... « AH ! IL EN MANQUE DEUX ! ». Lapin se dit : «c'est le début de la fin, sauve qui peut, courons vite chez nous ! »

Clap, clap, clap, clap, clap, clap

Bonne année les Sin-Bé(re)s-neurol.s ! Bonne année tous les Ssn-Bé(re)s !

Bonne année les lapins, mais surtout et à tous :

BONNE ANNÉE LES NEURONES !

En fin de compte TTC, « TouTouCon »), il me faut dire un grand merci aux acteurs involontaires de cette fable indigne.

« Si j'ai blessé quelqu'un, j'en demande pardon

Ce « Quinze » superfilet n'est-il pas le pur don

de Sin-Bé(re)s dévoués au service des lapins

après l‘disparition programmée des VELOs

VEtos LO
caux, non pour lapins

mais pour les hommes, généralistes toujours dispos

qu'ils soient de ville ou de campagne

avec leurs aides ou leur compagne ?

Ces attentes aux urgences resteraient-elles si longues

si les instants appels des soignants dédiés

avaient trouvés oreilles attentives, et non

jets de lacrymogènes ?

jeudi 16 décembre 2021

ET SI C'ÉTAIT ÇA ?

 


Vous avez mal à la gorge subitement et puis c’est le nez qui coule, les yeux qui piquent et la toux surgit…Ce peut être un simple rhume ou, s’il y a aussi de la fièvre,  des maux de tête et des courbatures, le début d’une grippe saisonnière…Mais le rhume et la grippe, la plupart des adultes en ont déjà fait, savent les reconnaître et les soigner.

Et si c’était le covid ? Si le goût ou l’odorat disparaissent, il n’y a plus de doute, mais si ces signes typiques manquent, ce peut être pourtant le début d’un covid. Dans ce cas, les choses ne se passent pas de la façon dont elles évoluent dans le cas d’un rhume ou d’une grippe, les symptômes  n’évoluent pas de la même manière ; ils se succèdent rapidement, cédant la place à une grande fatigue et, dans les moins bons cas, à des difficultés respiratoires : il faut appeler votre médecin.

Celui-ci  vous fera tester et s’il s’avère qu’il s’agit d’un début de covid, il pourra vous soigner à domicile ;  les autorités elles-mêmes  le disent maintenant. Votre médecin connait vos antécédents, votre mode de vie, votre constitution et votre tempérament. Chaque personne est différente et il pourra vous soigner de la façon la plus adaptée ; il pourra vous donner les conseils d’hygiène générale pour vous et votre entourage et prescrire un antibiotique, un antiinflammatoire comme l’aspirine - qui a l’intérêt d’être aussi anticoagulante,  le covid facilitant les thromboses -, les vitamines et les oligoéléments nécessaires à votre système immunitaire. Pour cela, il se guidera   sur les résultats d’une prise de sang en vue de repérer l’infection, l’inflammation, un manque de vitamine D, et pour vérifier l’intégrité de vos reins et de votre foie.

A ces prescriptions on pourrait ajouter l’usage d’huiles essentielles, par voie cutanée ou  par inhalation : Ravintsara, Tea Tree ou Ylang Ylang, Eucalyptus.

Des médecins prescripteurs, dont des professeurs en médecine,  ont observé des effets bénéfiques de traitements comportant en plus un antipaludéen (note N°3), un antiparasitaire, ou un antidiabétique qui ont souvent aussi un effet antiinflammatoire, avec souvent un apport systématique de zinc et de vitamine D (Note n°4). D’autres professeurs ont récusé ces traitements parce qu’aucun d’entre eux n’avait bénéficié de la preuve scientifique apportée par des études randomisées en double aveugle (note n°1). Certes, à notre connaissance,  de telles études  manquent encore ; cela s’explique facilement quand on sait qu’elles demandent des crédits considérables et beaucoup de temps (note n°2)

Si la maladie persiste et s’aggrave votre médecin pourra facilement vérifier votre taux d’oxygène et, s’il le faut, prescrire un oxygénateur à domicile (pris en charge par la Sécurité Sociale et très rapidement disponible en France). Et, dans la plupart des cas, tout finira par bien s’arranger…

L’hospitalisation reste alors ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être: le recours en cas d’impossibilité de soins à domicile.

                                                     fin

 

Note N°1 : voir aussi, à ce sujet, sur le blog, les mises au point  sur la randomisation et l’épidémiologie.

Note N°2 : pour étudier les traitements en question, il faudrait une étude multicentrique mettant en observation cinq ou six groupes traités avec un groupe témoin, et, dans chaque groupe, au moins 100 personnes volontaires choisies de façon à obtenir des groupes comparables au niveau de l’âge, du sexe et de l’état de santé préalable tous suivis pendant une assez longue durée nécessaire pour en repérer les éventuels effets secondaires…

Note N°3 : Le génome du virus comporterait, selon des généticiens réputés, une séquence commune avec celui du parasite paludéen.

Note N°4 : pour davantage de précisions, vous pouvez consulter le secrétariat au O322420735 ou la vice-présidente de l’association au 0951580548.