lundi 31 août 2020

La santé des betteraves

 

Santé pour Tous                                            

                               Septembre 2020

 

     La santé des betteraves nous concerne-t-elle aussi ?

L’usage des néonicotinoïdes vient d’être ré autorisé et l’on peut  comprendre  la colère des apiculteurs. C’est sûr : la débauche d’utilisation de produits destructeurs de vie n’est bonne ni pour la biodiversité ni pour la santé des autres êtres vivants, mais est-il juste et raisonnable de se contenter d’interdictions ?

 Dans l'immédiat : le moindre mal n’est-il pas de revenir provisoirement aux néonicotinoïdes ?

Mais, à terme ?  Peut-on  rester dans le système actuel d’exploitations de plus en plus étendues en cherchant de nouveaux pesticides pour éliminer des insectes dont on sait qu'ils sont un maillon indispensable d'une biodiversité déjà exsangue ? Certes les employer permet de bons rendements au moindre coût pour tenir tête à la concurrence mais à quel prix ? Car la chute de la biodiversité n'est qu'un symptôme de l'empoisonnement du sol, des eaux et des vivants.

Sans doute faut-il  prendre le chemin d'une agriculture respectueuse du vivant, abandonnant tout traitement chimique préventif et systématique et ne recourant à une chimie curative que contraint et forcé dans des cas exceptionnels ?

De plus, dans le cas particulier de la culture de la betterave sucrière se pose une question de santé publique vue la surconsommation mondiale de sucre (saccharose). Les pays parviendront prochainement à la nécessité de taxer tout achat de saccharose par l'industrie agroalimentaire ; l'avenir est donc à une réduction du marché et à une reconversion progressive de cette culture.

Qu’est-il alors raisonnable de proposer ?

En attendant un changement de politique agricole nationale ou européenne, pourquoi ne pas définir une politique agricole départementale ou régionale, ce qui permettrait d'agir sur un espace suffisant pour un rétablissement d'une   biodiversité capable à terme de contenir les populations de parasites grâce à la réapparition des prédateurs, insectes, oiseaux, amphibiens, etc.

Dans ce but, il pourrait être utile de réunir une « Convention Citoyenne Locale » composée d'une majorité d'agriculteurs, avec de simples citoyens, des agronomes, des enseignants, des collégiens et des lycéens des collèges et lycées agricoles, tous tirés au sort. La nécessaire reconversion des entreprises agricoles, pour être équitable devrait être couverte par des aides publiques compensant les pertes de revenus et offrant formation continue et aide technique gratuites.

Resterait à envisager des dispositifs pour mettre les producteurs de produits sans pesticides à l'abri de la concurrence déloyale des produits élaborés sans respect ni de l'environnement ni de la santé.

On pourrait par exemple créer un label respectueux de la biodiversité et instaurer des aides spécifiques aux producteurs labellisés : par exemple, les prélèvements d'eau pour irrigation devraient coûter moins aux détenteurs de ce label (ce label devrait être plus exigeant que les actuels labels « bio » qui tolèrent quelques produits biocides, comme le cuivre).

Mais il y a aussi une nécessité de protéger les activités agricoles – comme les  industrielles- en France. Sans cela nous pourrons mettre en friche et dépolluer nos terres mais nous consommerons des aliments produits ailleurs sans respect ni de l'environnement ni des agriculteurs...

Nous sommes loin des seules betteraves mais en plein dans les questions de santé : comment pourrait-on protéger notre santé et celle de nos enfants sans allier mesures écologiques et changement de système économique ?