vendredi 26 octobre 2018

maladie d'Alzheimer

lundi 20 août 2018

la maladie d'Alzheimer


« Alzheimer, le grand leurre » *                                                                                                    (notes de lecture)
Le titre est intrigant, voire provocateur ; ce livre éclaire les questions que se posent les médecins et les aidants devant une affection bien difficile à définir, sorte de fourre-tout cachant une grande ignorance.
Le Professeur Olivier Saint-Jean reprend l’histoire de cette curieuse « maladie », décrite par un médecin, le docteur Aloïs Alzheimer en 1907 et tombée dans l’oubli pendant cinquante ans. Alors que la patiente du docteur Alzheimer n’avait qu’une cinquantaine d’années, des neurologues, un demi-siècle plus tard appliquent sa description à quasi toutes les « démences séniles », à ce qu’on dénommait vulgairement « gâtisme » ou « retombée en enfance » : la « neuro-dégénérescence » décrite sur des pièces d’autopsie remplaçant la démence, tous les patients cessaient de relever de la psychiatrie, des médicaments spécifiques pouvaient être cherchés …et vite promus avant même d’avoir fait quelque preuve que ce soit. 
Autre conséquence de ce tour de passe-passe et confusion supplémentaire, cette « maladie » frappant surtout des personnes âgées et finissant par entraîner une  dépendance allait se trouver « soignée » dans des Ehpads (Établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes) par des neurologues et des gériatres alors que, dans la plupart des cas, leur hospitalisation était provoquée par des troubles psychiatriques bien plus difficiles à supporter que les pertes d’autonomie. Une assistance psychologique incluse et coordonnée avec les autres aides pourrait bien souvent permettre le maintien à domicile en soulageant suffisamment les aidants, mais vues l’absence de remboursement des psychothérapies et l’inexistence actuelle d’une indispensable coordination, la seule solution est la mise en Ehpad. 
Ces établissements étant fort démunis en personnel de base et encore davantage en psychothérapeutes, orthophonistes, kinésithérapeutes et animateurs, les patients qui y sont enfermés y bénéficient d’un service minimum, régressent rapidement et dépérissent. En faisant payer la dépendance par les familles et non par la Sécurité Sociale, contrairement à ce qui se passe lorsque « la maladie d’Alzheimer » frappe à cinquante ans, le système actuel ajoute une note de discrimination à une absence de réelle prise en charge. Tout cela  arrange bien les affaires de gouvernements successifs désireux de réduire la voilure dans le domaine de la solidarité publique, quitte à mettre sous le boisseau la loi de 2007 instituant contrôles et précautions lors de tout internement sans consentement !  
Un livre à lire pour ceux qui sont directement impliqués dans cette « maladie », qui n’en pas une  si l’on en croit l’auteur, et qui, quoi qu’on en pense, pose bien des questions  à notre société, mais aussi un livre précieux pour ceux qui s’interrogent de façon générale sur la maladie, le vieillissement et la prévention non médicamenteuse, toujours aussi négligée par les Ministères de la Santé, sans oublier le petit bijou de « l’histoire de Germaine », racontée à la fin du livre !      
                                                                                                                                                                    Luc
*Alzheimer le grand  leurre – Pr Olivier Saint-Jean et Eric Favereau – éd Michalon – 2018 – 17 E