samedi 6 mai 2017

LA MALADIE A -T-ELLE UN SENS ?





La  maladie a-t-elle un sens

Pour le médecin, la maladie est un mal qu’il faut annihiler ou, au moins, réduire.       
Et c’est bien ainsi, car il n’est formé qu’à soigner les corps : les neurosciences ont certes ouvert des perspectives inouïes mais les médecins en exercice n’ont reçu aucun enseignement à leur sujet.


Pourtant, historiquement,  ce sont des médecins qui, en cherchant à mieux soigner, ont fait avancer les connaissances sur l’être humain. Dans notre civilisation moderne, cette investigation est restée centrée sur le corps considéré, depuis des siècles, comme une superbe machine.
 Cette orientation a abouti, au XIX° siècle, à une séparation totale entre la médecine du corps et celle de l’esprit, séparation encore inscrite aujourd’hui dans le système de soin autant que dans la mentalité de nos contemporains. Si l’on en reste à cette conception, la maladie n’a que des causes matérielles que l’on a découvert ou que l’on va découvrir un jour, quitte à l’attribuer au hasard quand ces causes s’avèrent improbables.


Pour celui que la maladie atteint, celle-ci est-elle simplement la conséquence de causes connues ou non ?
 Pour l’un, pose-t-elle un problème rationnel ou métaphysique, pour un autre n’est-elle qu’un en…nui sans queue ni tête sur lequel il n’y a pas lieu de gloser ? Mais, surtout quand cette maladie est grave, la personne atteinte n’est-elle pas tentée de se poser la question : « Pourquoi moi ?  Et pourquoi maintenant ? »

 La maladie est-elle un échec ou une défaite ?
 L’existence est-elle un jeu, est-elle un combat ? La vie jouerait-elle aux dés ou à la guerre ?


L’idée qu’une maladie soit la conséquence d’une faute est très ancienne dans notre civilisation qui a ses racines à la fois dans le stoïcisme et le rationalisme grecs et dans les religions hébraïque et chrétiennes pauliniennes. Cette conception justifiait le rejet  des malades contagieux ou soupçonnés de l’être.
 Pourtant, si l’on regarde bien la Bible, il y a l’histoire extraordinaire de Job très mal en point et de ses amis qui  veulent le convaincre d’une faute qu’il aurait à expier mais Job se rebelle, il n’a rien à se reprocher et Yahvé finalement  lui donne raison…
Dans les Évangiles et à plusieurs reprises Jésus fait bien la distinction entre « le péché » et la maladie : la Vie ne condamne pas, elle peut tout dépasser. 
Cependant des théologiens chrétiens ont considéré que les douleurs engendrées par la maladie pouvaient devenir une participation aux souffrances du Christ en sa Passion. Cela aboutit parfois à magnifier la souffrance et même à la rechercher, ce que l’on retrouve, pour d’autres motivations chez les mystiques d’autres religions, comme l’indouisme, certains sectes chiites et même chez certaines branches du bouddhisme, alors que le Bouddha lui-même avait rejeté la voie ascétique.


Il n’est pas aisé de se débarrasser du poids de croyances millénaires portées par la culture ambiante même quand, raisonnablement on sait que, malade, il n’y a lieu de se sentir ni coupable ni honteux.    
              

La maladie serait-elle le fruit d’une erreur ? Mais qui peut prétendre détenir les secrets d’une santé parfaite dans ce monde ?  La santé comme la maladie ne découlent-elles pas de multiples facteurs, dont beaucoup, génétique, environnement et conditions de vie et de travail, échappent à l’individu ? 


Pour Hippocrate, qui soignait l’être humain globalement, la maladie signifie qu’il y a eu un désordre dans l’existence.  Mais du sens éventuel de la survenue de cet obstacle, seul le sujet est détenteur. Catherine Kousmine ne se situe-t-elle pas  dans cette vision quand elle décrit les tumeurs comme des issues trouvées par l’organisme et dont on peut se remettre ?


L’équipe de Santé pour Tous s’est divisée sur ce sujet. Pour plusieurs d’entre nous, la maladie n’est pas un échec, mais plutôt un événement devant lequel le sujet peut se sentir d’abord sidéré comme devant un serpent. Cet événement peut représenter un obstacle, une pierre d’achoppement sur le cheminement personnel. La pierre une fois levée, contournée, ou emportée…ne serait-elle pas porteuse d’un enseignement, un facteur d’évolution, l’occasion d’une redécouverte de soi ?