vendredi 23 juin 2017

L'ARTHROSE



                                                          L’ARTHROSE EST UNE MALADIE




   L’arthrose n’est pas un vieillissement des articulations, c’est une maladie.

  Cette maladie fut longtemps négligée par la recherche médicale, un peu comme les maladies orphelines, bien que, contrairement à ces dernières, elle soit très répandue, du moins dans nos contrées. Mais  elle avait  aussi en commun avec ces maladies d’embarrasser des médecins, fort démunis. Ceux-ci, dés lors qu’ils avaient fait leurs études après 1960, n’avaient même plus été instruits de ce qui, dans les siècles précédents, avait permis de  soulager les sujets arthrosiques assez aisés pour bénéficier des cures thermales, connues depuis l’empire romain et remises à l’ordre du jour au XIX° siècle.


   L’arthrose fait partie des rhumatismes chroniques, elle est très fréquente dans les pays vivant « à l’occidentale ». On la définit actuellement comme une altération des cartilages et des os qui s’installe tranquillement, le plus souvent sans se manifester avant des dizaines d’années d’évolution sans douleur ni déformation apparente. Il en va de l’arthrose comme de l’artériosclérose, un dépistage systématique effectué sur des jeunes soldats américains a démontré l’existence de débuts de lésions chez des sujets qui étaient indemnes de tout trouble. 

  
Le cartilage articulaire est le premier touché, il s’amincit, ce qui se traduit, sur les radios, par un pincement de l’espace interosseux. Des lésions osseuses apparaissent  ensuite, avec un épaississement et un élargissement des extrémités des os donnant parfois les fameux becs de perroquets qui font si peur à leur propriétaire et qui pourtant ne sont pas à l’origine des douleurs, celles-ci relevant davantage d’autres facteurs. Les radiologues connaissent bien les signes de l’arthrose, mais, paradoxalement, les lésions peuvent être très avancées sans que le sujet ressente quoique ce soit tandis que d’autres sujets, présentant de discrets signes radiologiques peuvent souffrir beaucoup. 


   La douleur caractérise si bien l’arthrose qu’en Picardie, « avoir des douleurs » est synonyme d’ « avoir de l’arthrose ». La douleur arthrosique survient au démarrage et s’atténue ou même disparaît après le « dérouillage » matinal, quitte à se manifester de nouveau quand le sujet se relève d’une chaise où il est resté assis un moment. La fatigue, un effort ou un faux mouvement vont réveiller la douleur.
 Bien que l’arthrose ne soit pas classée dans les maladies inflammatoires, il est probable que la douleur manifeste la survenue d’une inflammation locale.



D’OÙ VIENT L’ARTHROSE ?


   En l’absence de connaissances sur les causes de cette affection, la Médecine est réduite à énumérer des facteurs de risque.


L’âge est-il un facteur de risque ?  En réalité, il en est de l’arthrose comme de toutes les maladies qui demandent un long délai pour s’installer et enfin se manifester : artériosclérose,  cancers, sont, pour cette raison,  également plus nombreux  chez les sujets âgés.


Une prédisposition génétique est volontiers évoquée devant  l’observation de cas familiaux, mais, contrairement à ce qui existe pour les rhumatismes inflammatoires, aucun gène, aucun type tissulaire (H.L.A.)  particulier n’a été mis en évidence  dans l’arthrose. Il peut s’agir d’une simple transmission intergénérationnelle, soit par la poursuite d’un même mode de vie, soit par un mécanisme épigénétique qui reste à découvrir.



Une anomalie articulaire ou osseuse est un point d’appel pour une arthrose, c’est le cas en particulier pour les scolioses. Des traumatismes articulaires, fractures, luxations, entorses récidivantes, peuvent être à l’origine d’une arthrose. Les microtraumatismes répétés, vibrations en charge, mouvements répétitifs  et surmenages dus à des charges trop lourdes expliquent les arthroses des carreleurs, des travailleurs maniant des marteaux piqueurs, des manutentionnaires, et, de façon générale, de toute personne qui ont beaucoup travaillé physiquement L’exposition prolongée à un froid humide ou à d’excessives variations de température expose aussi à l’arthrose, sans doute par le déficit circulatoire que cela entraine.



Un excès de poids agit de façon mécanique en infligeant aux articulations des genoux, des hanches et du dos une pression anormalement élevée sur les cartilages articulaires. De plus les tissus graisseux produisent des cytokines pro-inflammatoires ainsi que de la leptine, une substance nocive pour les cartilages. 



 Ni le surentrainement ni les efforts violents répétés ne sont bons pour les articulations. Mais l’absence d’exercice physique et la position assise prolongée sur une chaise ou au volant sont tout autant néfastes, aussi bien pour les cartilages que pour les os. Les articulations, comme les muscles, s’usent quand on ne s’en sert pas ! L’immobilité s’accompagne souvent de contractions musculaires prolongées: ces contractures restreignent les circulations sanguines et lymphatiques régionales et donc aussi bien les apports nutritionnels que l’évacuation des déchets. Les vertèbres cervicales sont souvent les premières atteintes, et cela a été rapporté à la fréquence des contractures observées au niveau du cou et des épaules.


Les contractures reflètent souvent un stress chronique, mais le stress joue aussi son rôle  dans le déclenchement des douleurs.


Le rôle de l’alimentation fut longtemps minimisé, restreint aux arthroses secondaires à une hyper uricémie, responsable de la goutte. En 1983,  le docteur Picard (2) évoquait la responsabilité d’une agriculture et d’un élevage très utilisateurs de substances chimiques bloquant les oligoéléments et favorables aux phénomènes inflammatoires.
 C’est à cette époque que les premières recherches sur le statut des français en vitamines et oligoéléments objectivent la fréquence des déficits alors même que ces sujets apparaissent indemnes des maladies de carence traditionnellement décrites. On s’aperçoit aussi de la nécessité d’un apport équilibré entre les différents oligoéléments : un excès de fer inhibe l’utilisation du cuivre et du zinc et favorise l’inflammation. Or, un excès d’apport de fer est fréquent dans une population friande de viandes rouges naturellement riches en cet élément. Ainsi  l’alimentation des pays industriellement développés, trop riche en viande, carencée en oligoéléments et trop riche en omégas 6 pro-inflammatoires, peut favoriser de façon importante l’apparition de l’arthrose. Les travaux du Professeur Seignalet (1) allaient expliciter et  confirmer l’importance de l’alimentation aussi bien dans la genèse des rhumatismes que dans celle des « maladies du siècle ». L’actuelle pollution chimique de l’environnement n’arrange pas les affaires en nous exposant à de multiples radicaux libres qui neutralisent les éléments utiles et favorisent l’inflammation.      


L’ARTHROSE EST UNE MALADIE ÉVITABLE. Théoriquement, une fois connus les facteurs qui lui donnent naissance, nous pouvons tenter de l’éviter. Mais que peut dire aujourd’hui un médecin du travail à un ouvrier du bâtiment, à un employé d’une entreprise de travaux publics, à un agent de nettoiement dont les articulations commencent à montrer des signes de surcharge ? Et que peut envisager un artisan charpentier ou carreleur ? Dans la pratique, aujourd’hui, le dépistage et les réorientations professionnelles nécessaires manquent le plus souvent...


Reste à savoir quoi faire quand l’arthrose est là, on essaiera d’en parler bientôt, si vous le voulez bien…

                                                                                           fin





Bibliographie

1/  L’alimentation la troisième médecine – Jean Seignalet – éd De Guibert - 1995 

2/  Vaincre l’arthrose – Henry Picard -1983 – réédité en 2006